"Comme toujours la maison était calme. Le chant du coq dans une ferme de l'autre côté de la route résonnait dans l'air de l'après-midi. Un homme de constitution robuste, avec un peu d'embonpoint et portant un chapeau melon, un haori et un hakama, apparut à la porte".
Shimazaki Tôson, "Une famille"
Le haori est une veste pour hommes et femmes (depuis la période d'Edo), qui se porte au-dessus du kimono, à la mi-saison et par temps froid. Les deux pans du haori ne se croisent pas comme c'est le cas pour le kimono, mais se ferment sans se toucher à l'aide d'une cordelette en soie, en perles, en métal etc…Il est alors possible d'entrevoir et d'admirer le kimono porté dessous ainsi que les nuances subtilement colorées de la ceinture obi et de ses divers accessoires.
Les origines du haori ne sont pas claires et les théories sont nombreuses. L'une d'entre elles veut que le haori ait été une sorte de manteau imperméable fabriqué à partir de plumes d'oiseaux aquatiques (grues, cygnes…) et doublé d'un tissu rigide et seulement utilisé pour protéger les nobles de l'Antiquité de la pluie ou de la neige lorsqu'ils se rendaient dans l'enceinte du Palais intérieur.
Le nom de ha-ori (羽織) se compose des deux kanji ha (plume) et ori (tissage) et était utilisé pour simplement décrire un tissage particulier à base de plumes d'oiseaux aquatiques entrelacées.
Le haori a d'abord été un vêtement masculin. On en trouve la première mention dans les documents historiques de la période Muromachi (1336-1573). Au cours des conflits incessants qui opposaient les puissants seigneurs (Sengoku jidai, 1467-1573), guerriers et généraux s'en faisaient volontiers une sorte de manteau passé sur leur cuirasse (jinbaori). Richement décorés et de couleurs vives, ceux-ci symbolisaient le clan auquel les guerriers appartenaient. Des motifs inhabituels et audacieux ou des matériaux décoratifs inhabituels (plumes) furent brodés sur les jinbaori en drap de laine (rasha) importé de l'Occident. Lorsque le jinbaori perdit sa fonction d'uniforme militaire, il se transforma en une sorte de veste sans manches à l'encolure retournée et sur laquelle figurait un emblème familial (kamon) dans le dos.
Le haori noir en taffetas habutae orné de 5 blasons (kamon) appelé kuro-montsuki haori se porte toujours avec un kimono décoré de kamon identiques et un hakama à fines rayures. Consacré aux cérémonies et aux grandes occasions, il représente la tenue la plus formelle de la garde robe masculine et est considéré comme l'équivalent du queue de pie occidental.
L'emplacement des cinq emblèmes familiaux teints fut déterminé durant la période d'Edo (1603-1867): un mon entre les omoplates, un mon sur l'arrière de chaque manche et deux sur la poitrine. Il existe également des haori à un seul ou à trois kamon, moins officiels.
Les deux cordons de fermeture en soie sont blancs et sont fixés aux bords du vêtement par de petits crochets en S parfois minutieusement travaillés.
Le himo de fermeture en soie est blanc ainsi que les accessoires (tabi, sandales, juban). Des cordons gris ou noirs sont moins formels.
Le haori taffetas habutae coloré à blasons teints est également une tenue officielle à porter lors de cérémonies. Il est associé à un kimono en soie de même couleur et à un hakama rayé. Son statut varie entre une tenue officielle et formelle en fonction du choix des accessoires. Par exemple si le haori est dans une autre qualité de soie (soie chirimen ou omeshi), s'il ne comporte que 3 kamon, ou si le hakama est uni et non rayé, le statut est inférieur et devient semi-formel devenant alors l'équivalent occidental du smoking (taxedo). Les couleurs varient dans des nuances de bleus, de gris, des pastels voire des couleurs plus vives pour des occasions spécifiques.
Lors de la cérémonie de remise des diplômes, les jeunes hommes se permettent des tenues fantaisie et portent des haori aux couleurs voyantes dans toutes les gammes de coloris, mais cet événement reste une exception !
Appelé aussi hon-baori.
Depuis l'époque d'Edo jusqu'à nos jours, la longueur du haori a varié en fonction des modes de chaque époque et des goûts de chacun. Pour exemple, autour des années 1740, la mode était au style bunkin, (le haori était presque aussi long que le kimono et les cordelettes de fermeture pendaient jusqu'en bas).
La longueur est fonction des préférences (et de la taille) de chacun ainsi que des variantes régionales. En effet, les haori courts sont privilégiés dans la région du Kantô (Tôkyô) et les haori longs dans la région du Kansai (Kyôto).
Si le haori et le kimono sont de même couleur dans un tissu identique, on parle alors d'ensemble.
C'est le haori le plus couramment utilisé aujourd'hui. La longueur se situe au-dessus du genou, c'est pourquoi on l'appelle communément "haori moyen". Pour une utilisation quotidienne, il est facile à porter, confortable et offre une aisance dans les mouvements tout en valorisant la personne qui le porte.
Les doublures (ha-ura) des haori sont imprimées dans des thèmes qui varient à l'infini.
Dans le cas du gaku-ura (ou doublure à motifs), les représentations thématiques (paysages, Mont Fuji, tigre, aigle, courtisanes, jeux, thé...) réalisées le plus souvent sur de la soie, s'étendent sur le dos et parfois les manches. Des versions moins onéreuses sur satin, viscose ou rayonne sont également courantes. Cette coquetterie connue du seul propriétaire du vêtement, illustre parfaitement un nouveau concept esthétique (iki) apparu au cours de l'époque d'Edo et selon lequel (entre autres), les choses intimes et importantes devaient rester cachées. Le même principe est appliqué aux juban (sous-kimono) ornés eux-aussi de motifs innombrables et totalement invisibles.
Ce haori apparut après 1945.
Contrairement à son étymologie ("cha" signifiant le thé), ce haori n'est jamais porté lors de la cérémonie du thé.
Plus court que le chûbaori, il se porte au quotidien, chez soi ou en voyage, par-dessus un kimono ou un yukata. Il ne comporte pas de soufflet sur les côtés. Les tissus de laine sont les plus utilisés. Les cordons de fermeture sont très simples et cousus directement sur le tissu dans la même matière que le vêtement.
Souvent mis à la disposition des clients d'auberges traditionnelles avec un yukata.
Le jittoku a subi diverses modifications depuis la période de Kamakura et est aujourd'hui porté par les moines et les maîtres de la cérémonie du thé. Confectionné dans un tissu en gaze de soie (ro ou sha), il est légèrement transparent. Les cordons de fermeture sont dans la même tissu et cousus directement sur les bords de chaque côté.
Période d'Edo, bibliothèque et musée historique de la ville de Takeo, préfecture de Saga
Samurai en voyage, sous le haori, un tattsuke-hakama resserré aux chevilles.
Porté autrefois par les guerriers lors de leurs exercices quotidiens et de leurs expéditions. Fendu dans le dos, il permettait de monter à cheval et de porter le sabre plus facilement. Son usage était formellement interdit aux marchands et aux gens du peuple.
Appelé aussi bussaki-baori 打裂羽織.
En vogue durant l'époque d'Edo. Sa mode se répandit à la suite du grand incendie de 1655 (appelé aussi furisode kaji, incendie imputé aux larges manches des kimonos).
Les kaji-baori sont variés et peuvent être en cuir, en drap (rasha) ou en coton solide et épais renforcé des points de sashiko. Les soldats du feu (hikeshi) mouillaient abondamment ces vestes hikeshi-hanten avant de se lancer à l'assaut des flammes et une fois le feu maîtrisé, ils retournaient leur veste pour en exhiber les magnifiques motifs teints, signes de victoire. Ce sont désormais des objets de collection.
Pas de haori digne de ce nom sans son himo, la cordelette de fermeture.
Ils varient avec le style du haori, l'occasion et s'harmonisent avec les saisons si possible ! Les plus classiques sont en soie tressée (plats ou ronds), mais ils peuvent aussi se décliner dans des versions plus originales.