Les superpositions de plusieurs robes de soie et le port du hirosode (robe à manches larges qui témoignait d’un statut élevé) furent abandonnés pour des tenues plus sobres et plus fonctionnelles aux manches plus étroites (kosode).
Les hommes de la classe guerrière dirigeante et les nobles arboraient comme tenue ordinaire, le kariginu (inspiré de la tenue de chasse en vogue durant la période de Heian) dont le haut des manches n’était pas cousu et qui permettait ainsi une plus grande ampleur des mouvements.
Cependant, ce n'est qu'à l'occasion d’événements particulièrement officiels que le port des robes à manches larges (hirosode, konôshi) et à col rond, vestiges de la période de Heian et d'influence chinoise, restait en vigueur.
Minamoto Yoshiie, une des grande figures du clan Minamoto
L'armure yoroi du guerrier etait endossée par-dessus le hitatare. Les manches étaient alors moins amples et le pantalon, plus court, était doté de jambières protectrices.
DÔMARU
Forme simplifiée et moins décorative que le ô-yoroi ("grande armure" portée seulement par les guerriers fortunés de haut-rang à cheval), plus léger et confortable, le dômaru (autrefois appelé haramaki) est adopté par la plupart des guerriers faisant partie des troupes de choc appelées à suivre de près les samurai et qui étaient vingt fois plus nombreuses que ceux-ci. D'autre part, la prolifération des combats au corps à corps fit que le sabre se révéla plus utile que l'arc et les flèches.
Laçages, couleurs et design varient en fonction du clan et du rang du guerrier. Le haut du visage (front et joues) est protégé par un casque en métal laqué. Aux pieds, des sandales de paille tressée, très efficaces sur les terrains escarpés et qui replaçaient avantageusement les lourdes bottes. Une nouvelle variété de sabre fit son apparition, le no-dachi, semblable au fauchard (naginata) à longue lame.
KO-GUSOKU
Les généraux et autres commandants, lorsqu'ils n'étaient pas au front, portaient une tenue plus légère qui alliait armure et hitatare brocardé, le ko-gusoku. Le hitatare était le vêtement ordinaire des nobles et des guerriers porté sous leur armure.
La coiffe noire de type hiki-tate-eboshi est bordée d'une bande de tissu blanc. Le hitatare est fait de brocart. Sur le côté gauche, il porte un gantelet de protection (kote) et un nodowa autour du cou. Sur le côté droit, une partie du ô-yoroi subsiste, c'est le waidate maintenu par un cordon koshio. Le bas des jambes est protégé par des guêtres habaki et des jambières ôtate-age.
Les tabi sont en cuir ainsi que les chaussures tsuranuki (ou kegutsu). Un sabre court koshigatana attaché sur le côté droit.
ÔO-SODE TSUKE DÔMARU
Les guerriers ont peu à peu adopté le dômaru, plus léger et confortable que la grande armure ô-yoroi.
L'armure ne comporte pas de manche. Le devant et le dos sont reliés par un accessoire métallique appelé gyôyô (lit. feuille d'abricotier) de forme allongée (sorte de bretelles), fait de cuir teint et de maillage métallique qui protégeait les épaules. À la fin de la période de Kamakura, les guerriers de haut rang ont rajouté des protections sur le haut du dos (ôsode) pour compléter l'armure. Les bras sont protégés par un gantelet (kote) et les mains par des gants wagake.
Des jambières habaki couvrent le bas des jambes et des chaussons tabi en cuir sont portés avec des sandales waraji en paille tressée. Un koshi-gatana est maintenu devant dans la ceinture et un long sabre tachi est fixé sur le côté gauche.
Les guerriers (bushi) portaient au quotidien ou sous leur armure (yoroi-hitatare), un hitatare composé de deux parties, faites dans la même toile. Un hakama maintenu par une ceinture (blanche) et un haut dont le col différait des tenues au col rond portées jusque là par les nobles (hô, kariginu…), et qui annonçait le col du kimono actuel. Les manches sont larges avec des cordons ajoutés sur la poitrine et à l'extrémité des manches.
La coiffe samurai-eboshi se porte avec le hitatare.
Le hitatare fut bientôt porté par les nobles et à la période suivante de Muromachi, il devint l'habit de cérémonie des bushi de haut rang. Il était alors fait en soie damassée de qualité supérieure.
Ci-dessous, probable portrait du shôgun Ashikaga Takeuji en yoroi-hitatare.
Ce "costume pour la chasse" était la tenue habituelle des fonctionnaires civils et militaires à la cour. Habit simple au début, il devint de plus en plus luxueux.
À encolure ronde, les manches assez longues mais ne recouvrant pas les mains, les poignets serrés par des cordons, le kariginu (ou hôi) a été conçu à l'origine pour la chasse et permettait une meilleure ampleur des mouvements.
Au cours de Moyen Age, il devint la tenue correcte des guerriers et du bakufu d'Edo. Selon les règlements établis pour définir les modalités des costumes, les fonctionnaires du 5e rang et au-dessus devaient porter un kariginu aux motifs tissés et à doublure et ceux du 6e rang et au-dessous, un kariginu sans motifs tissés ni doublure. La différence de ces deux catégories s'accentua avec l'élaboration du costume.
Fabricant de tuiles et de chapeaux
Vendeurs de rouleaux de tissu (tanmono) blanc uni et de tissu pour hitatare.
Fabricants de roues pour les chariots et de bois recourbé en cyprès (hinoki) pour former des toutes sortes de baquets et de boîtes.
Sculpteur et aiguiseur de sabre.
Laqueur et aiguiseur d'aiguilles
Par-dessus, une veste brocardée karaginu à laquelle était fixée une traîne mo complètait la tenue officielle karaginu-mo des dames de la cour.
Le ko-uchigi de droite (13e siècle) se portait par-dessus le kosode et le naga-bakama et formait la couche la plus visible du uchigi et donc la plus joliment ornée.
"L'idéal féminin change avec l'arrivée au pouvoir des samurais. Le maquillage des sourcils gagne les femmes des guerriers. Il est nettement plus marqué et l'expression plus dure. Les méthodes de maquillage se diversifient. Deux catégories de poudre font leur apparition, l'une à base de plomb, l'autre à base de mercure".
Dominique Buisson
D'autres variantes consistaient à se recouvrir la tête en remontant l'arrière du manteau kazuki par-dessus la tête et en le maintenant, laissant ainsi les manches libres. Le costume a perduré au cours des périodes suivantes Kamakura et Muromachi avec quelques variantes. Un large chapeau rond (ichimegasa) tressé en jonc autour duquel pendait un long voile transparent en ramie (mushi no tareginu) leur permettait également de voyager en sécurité, de se protéger des insectes ou de garder l’anonymat (tsubo ori).
Ici, une femme dans ses activités quotidiennes porte un kosode et un yumaki.
Le kosode est un katabira tissé en lin (pour l'été), teint en beige clair. Le yumaki est une simple pièce de tissu en soie grossière, teint et ornée de motifs simplifiés que l'on porte comme un pagne.
À l'origine, ce sont les nobles qui utilisaient le yumaki au moment du bain ainsi que les femmes de l'aristocratie qui officiaient au palais impérial. Il était alors en soie grège (suzushi). Vers le 12e siècle, les nobles le portaient teint, au quotidien, à la place du hakama. Avec le temps, cette habitude se répandit auprès de la population (voir illustration d'après le rouleau peint "Shigi san engi emaki", Rouleaux illustrés des légendes du mont Shigi).
Dans ce dernier cas, il répondait à certaines exigences pratiques et esthétiques notamment en s'adaptant aux saisons (simple, double ou matelassé).
"Shigi san engi emaki", Rouleaux illustrés des légendes du mont Shigi). Yumaki teint en pointillés.
Kasuga gongen genki e (1309), Servante portant un yumaki sur un kosode teint.
Tisserande et teinturière d'indigo
Vendeuses de nouilles somen (ici mises à sécher) et de tofu.
Fileuse et brodeuse (nuihaku).
Vendeuse de bois avec enfant de Ôhara (Kyôto) et vendeuses de petits poissons ayu de Katsura (Kyôto).
MOTIFS ET COULEURS
Désormais à la tête du pays, cette nouvelle classe dirigeante donna également naissance à une nouvelle culture. Dans le domaine vestimentaire, lors d’événements officiels ou publics, les dirigeants et guerriers de haut rang continuèrent d’arborer pendant un temps les tenues des nobles (kuge) à manches larges (ôsode) afin de bien montrer qu’ils leur succédaient à la tête du pays et qu’ils étaient les détenteurs du nouveau pouvoir. En privé et lors de leurs occupations quotidiennes, ils retrouvaient leurs origines et leurs racines en portant le kosode (à manches étroites), le hitatare, le suô... Ceux-ci étaient tissés en fibres végétales (chanvre notamment) aux teintes sobres, souvent unis ou ornés de quelques motifs assez simples. Puis peu à peu, la soie et les tissus damassés ou brocardés remplacèrent le chanvre et les autres fibres végétales avec des motifs tissés traditionnels, identiques à ceux que portaient les aristocrates autrefois. Cette tendance se poursuivit jusqu’au milieu de la période de Muromachi (1336-1573).